CAMEROUN : Le gouvernement veut émettre 375 milliards de FCFA de titres publics pour couvrir son déficit budgétaire en 2024.


Par Jesus POUTH |


C’est du moins ce qu'il ressort de l’exposé des motifs du projet de loi de Finances de la République du Cameroun pour l’exercice 2024 en examen à l’Assemblée Nationale depuis le 30 novembre 2023.

Évalué à 6 679,5 milliards en 2024, soit une augmentation de 37,0 milliards (+0,6 %) par rapport à 2023 où il se situait à 6 642,5 milliards, le budget général de l’Etat du Cameroun souffrira - encore - d’un important déséquilibre. A en croire les termes de l’exposé des motifs : “le budget de l’exercice 2024 affiche un solde global déficitaire de 125,4 milliards contre 226,3 milliards en 2023, soit une diminution de 100,9 milliards. Outre ce déficit, le Gouvernement devra couvrir en 2024 les autres charges de financement et de trésorerie, notamment : i) l’amortissement de la dette extérieure et intérieure évaluée à 1 128,5 milliards ; ii) l’apurement des restes à payer Trésor/dette non structurée pour 220,0 milliards ; iii) le paiement des correspondants à hauteur de 19,7 milliards ; iv) le remboursement des crédits TVA de 84 milliards. Le besoin global de financement en 2024 est par conséquent évalué à 1 577, 7 milliards contre 1 950,3 milliards en 2023”.

EMISSIONS OBLIGATAIRES

Pour couvrir ce besoin de financement, “le Gouvernement entend recourir aux instruments financiers ci-après : 1) tirages extérieurs sur prêts-projets pour 907,2 milliards ; 2) émissions de titres publics de 375 milliards ; 3) financements bancaires de 139,4 milliards ; 4) appuis budgétaires de 151,9 milliards , 5) financement exceptionnel de la BID à hauteur de 4,2 milliards”.

On y apprend également que le projet dont il s’agit a été élaboré dans un contexte marqué au plan international par les répercussions à long terme de la pandémie du COVID-19 et les effets de la crise russo-ukrainienne, ainsi que le durcissement de la politique monétaire indispensable à la réduction de l’inflation. Ainsi, selon les prévisions du FMI, le taux de croissance mondiale projetée en 2024 est de 2,9% contre 3,0% en 2023. S’agissant de l’inflation, la tendance baissière déjà observée en 2023 (6,9%) devrait se poursuivre pour se situer à 5,8 %. Les projections du cours mondial du baril de pétrole indiquent également une baisse à 79,9 dollars en 2024 contre 80,5 dollars en 2023. 

Bien plus au plan national, des perspectives économiques resteraient positives, bien qu’empreintes d'incertitudes liées à l'évolution de l’environnement international. Le taux de croissance projeté en 2024 est de 4,5% contre 3,9% en 2023, grâce notamment au dynamisme du secteur primaire et de celui des

services. L’inflation, quant à elle, s’établirait à 4% contre 6,7% en 2023, restant tout de même au-dessus du seuil de convergence de la CEMAC.

Au rang des innovations, le projet de loi de Finances 2024 comporte l’institution de mesures fiscales, douanières et non fiscales nouvelles, la rationalisation de la parafiscalité dans certains organismes, ta diminution des crédits destinés aux chapitres communs, couplée à la rationalisation des dépenses de fonctionnement des administrations.