MARCHE FINANCIER / UEMOA : Comment Orabank veut lever plus de 56 milliards FCFA

Jusqu’au 16 novembre 2018, le groupe bancaire de droit togolais Oragroup S.A demande aux investisseurs de lui acheter des actions pour 56 920 325 600 FCFA. Comprendre le mécanisme et les enjeux juridiques… de la plus grande levée de fonds sur le marché financier ouest africain…

Tout commence ou à tout le moins, tout se précise le matin du 8 juin 2018 à l’Hôtel du 2 février à Lomé, au Togo. Une assemblée générale extraordinaire de la holding Oragroup société anonyme, décide de plusieurs choses importantes sur la vie de boîte dans l’optique notamment de s’étendre au Cameroun ou au Congo et de rentrer dans le digital.

 

La réunion se tient conformément au droit des sociétés commerciales de l’Organisation pour l’harmonisation en Afrique du droit des affaires (OHADA), notamment l’article 564 de l’acte uniforme relatif aux sociétés commerciales.  

 

Parmi ces choses, l’assemblée valide l’idée de fractionner l’Action de 10. 000 FCFA à 1000 FCFA et de faire appel au public pour qu’il donne son épargne pour augmenter le capital social de la boîte.

L’assemblée décide aussi de modifier les statuts, de faire entrer Oragroup à la Bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM) et donne les pleins pouvoirs au Conseil d’administration pour mener à bien l’opération.

Pour y arriver, comme le droit des marchés financiers ouest africain l’exige pour toute personne voulant agir sur le marché financier, Oragroup s’entoure des Sociétés de Gestion et d’Intermédiation (SGI). Celles-ci sont des banques et entreprises financières agréées et spécialisées dans les opérations sur le marché financier.

Oragroup choisit comme Arrangeur et co-chef de file du syndicat de placement, la SGI BICI Bourse et  comme co-chef de file du syndicat de placement SGI Hudson & Cie. Leur mission, arranger les documents et placer les actions auprès des investisseurs. Elles sont à la tête d’un collectif de plusieurs autres SGI et banques disséminées dans les pays ouest-africain et prêtes à inciter leurs clients à s’engager c’est-à-dire à souscrire en remplissant un formulaire et en versant 4100 FCFA par action.

C’est sur ces entrefaites qu’intervient le gendarme des activités de marché financier en Afrique de l’Ouest à savoir le Conseil Régional de l’épargne public et des marchés financiers (CREPMF). La direction d’Oragroup lui demande son accord le 13 septembre pour lancer l’opération.

Le 24 septembre, le CREPMF donne son accord (encore appelé visa) pour le lancement de l’appel public à l’épargne. Concrètement le visa est donné sur le document d’information qui est la carte d’identité très détaillée de l’opération.  Tout ceci conformément au droit OHADA mais aussi au Règlement général du CREPMF et à l’instruction n°36/2009 du CREPMF fixant les modalités de l’appel public à l’épargne en Afrique de l’Ouest.

Entre le 29 octobre et le 16 novembre, les clients vont donc acheter des actions auprès des SGI par tout en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale. Mais avant l’échéance du 16 novembre, si toutes actions sont prises, Oragroup peut arrêter l’opération. Ensuite, il faudra dépouiller les engagements avec l’accord du CREPMF. Il y aura par la suite Règlement de l’argent promis par les souscripteurs finaux et livraison des actions Oragroup en date du 18 décembre 2018. 

L’entrée en bourse

Si la BRVM et le CREPMF l’en jugent à la hauteur, Oragroup pourra faire son introduction à la BRVM et demander ainsi à ce que les actionnaires et les investisseurs y continuent les achats et les ventes de ses actions sur le marché secondaire. Cela se fera par une cotation fin janvier 2019.

Rappelons que le droit boursier exige qu’Oragroup mettent au mois 20% de son capital social sur le marché de la BRVM. C’est en ce sens que dans cette augmentation de capital, 7,7 millions d’actions déjà existantes vont être cédées et un peu plus de 6 millions d’actions nouvellement créées vont être vendues. Notons aussi que les salariés d’Oragroup sont favorisés à acheter les actions de leur entreprise, seuls sont éligibles les employés confirmés parmi les près 45 000 employés du groupe.  

Notons tout de même que la galaxie Oragroup, inlusion faite de ses banques filiales et succursales en Afrique, se voit réclamer devant les tribunaux, près de 92 milliards de FCFA dans le cadre du contentieux bancaire avec des clients, des ex-clients et des aussi des ex-employés.

Rappelons enfin qu’Oragroup est présent dans 12 pays de l’Afrique de l’Ouest et de l’Afrique Centrale. Il s’agit du Bénin, du Burkina Faso, de la Côte d’Ivoire, du Gabon, de la Guinée, de la Guinée-Bissau, du Mali, de la Mauritanie, du Niger, du Sénégal, du Tchad et du Togo à travers le réseau Orabank.

Willy ZOGO