UEMOA : Big Data, Intelligence Artificielle, quand la Commission bancaire envisage la SupTech

Dans son rapport annuel portant sur le comportement du marché bancaire durant l’année 2020, la Commission Bancaire des Etats de l’UMOA s’est penchée sur les apports potentiels de la SupTech à la supervision bancaire dans cette zone monétaire

Pour s’arrimer de manière disrutive aux évolutions technologiques qui fécondent tous les secteurs de l’activité humaine, des travaux récents ont été menés au Secrétariat Général de la Commission Bancaire dans le cadre de l’informatisation des outils de contrôle et en vue du renforcement et de la réactivité de l’intervention du superviseur. La Commission s’est notamment porté sur l’évolution des systèmes d’information des assujettis dans l’idée de mieux cerner le périmètre d’une future démarche vers la SupTech.

REGTECH & SUPTECH

Le constat établi par le régulateur bancaire ouest-africain tient de ce que la technologie financière a connu une croissance de plus en plus rapide ces dernières années, tant au plan mondial qu’au niveau de la sous-région. Et donc, les entreprises de ce secteur évoluent
progressivement dans un environnement non régulé vers une régulation et une supervision actives des Autorités, en vue de rassurer les clients et les investisseurs potentiels. En réponse, les Autorités de régulation et de supervision à travers le monde se sont employées à rechercher la réponse appropriée à apporter à l’essor des FinTech, afin de protéger la clientèle tout en encourageant l’innovation.

Lire aussi : UEMOA | COMMISSION BANCAIRE : Les premiers plans de résolution de crise bancaire pour les Etablissements d’importance systémique (EBIS)

Tels qu’envisagées, l’UMOA bancaire veut se saisir de la Supervisory Technology (SupTech) et de la  Regulatory Technology (RegTech) comme une application de la technologie financière (FinTech) respectivement aux activités de supervision et à celles de régulation.

Au demeurant, le rapport indique que la SupTech peut être définie comme l’utilisation de la technologie par le superviseur, en vue  d’améliorer l’efficience de ses activités, et elle est parfois appelée, à juste titre, « la FinTech du superviseur », eu égard à son émergence en tant que réponse nécessaire au développement de la FinTech dite « commerciale » ou grand public.

La Suptech en UEMOA comme ailleurs pourrait s’appuyer sur le BIG DATA saisi comme l’exploitation des importants volumes de données générés par les usages numériques ou sur le DATA MINING considéré comme l’exploration desdites données en vue de dégager des tendances significatives. Dans le même sens, la Commission bancaire réfléchit sur l’usage de l’intelligence artificielle au sens de la simulation du raisonnement déductif humain par le biais de la technologie.

APPLICATIONS PRATIQUES POSSIBLES 

Pour la régulateur, la SupTech offre un vaste champ de possibilités, pouvant aller jusqu’à une supervision en temps réel notamment dans un contexte où son utilisation peut être divisée en deux grands ensembles, à savoir la collecte des données et leur analyse. De ces deux étapes peuvent émerger une multitude d’usages.

Concrètement, il pourrait s’agir de l’automatisation du reporting réglementaire, qui revient à implémenter des processus informatiques visant à faciliter ou réaliser intégralement la capture, la validation, la consolidation, la visualisation et le stockage des données requises dans le cadre de la supervision bancaire. 

A lire également : UMOA : Les mesures et sanctions prises par la Commission Bancaire en 2020 (chiffres)

Il peut aussi s’agir de la supervision en temps réel, où l’interconnexion des systèmes d’information des superviseurs et des assujettis permettrait une collecte et une analyse des données réglementaires sans contrainte de périodicité, afin d’identifier les potentielles zones de risque et d’optimiser les vérifications sur place. 

Le recours à la Suptech s’associera également à la surveillance des opérations suspectes ( comme la fragmentation, la localisation géographique, les caractéristiques, les bénéficiaires, etc.) dans le cadre de la lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme  et enfin à la prévention des défaillances bancaires, à partir de la capacité d’anticipation ainsi offerte au superviseur bancaire.


Willy ZOGO