MARCHE FINANCIER | CEMAC : Les recettes de Mbeng Mezui pour réduire le coût des emprunts obligataires en Afrique Centrale


Par Willy ZOGO | 


Le spécialiste africain des systèmes financiers Cédric Mbeng MEZUI (photo) a commis une analyse dans le sens de trouver des solutions pour réduire le coût des emprunts du marché  obligataire d’Afrique Centrale. Dans cette publication portée dans l'Africa Economic Brief et rendue disponible le 27 avril 2023, l'expert propose d'améliorer la stratégie d’émission des titres publics, densifier la base d’investisseurs et de mobiliser les assistances techniques des partenaires financiers et techniques. Comprendre !
 
Pour l'auteur, l’objectif de sa sortie est double : (i) analyser les contraintes entrainant le renchérissement du coût des emprunts via le marché des titres publics dans la CEMAC ; et (ii) proposer des mesures permettant de réduire ces coûts tout en resserrant les écarts de primes de risque entre les Etats.
 

LA CAUSE DE LA CHERTE DE L'EMPRUNT : LE MANQUE DE DENSITE DE LA BASE DES INVESTISSEURS ET LES FORTES INCITATIONS

 
De manière ramassée, il ressort de cette analyse une sorte d'accentuation de la fragmentation financière entre les Etats de la CEMAC. En effet, selon l'expert, il est possible de voir une hausse des coûts d’emprunt des différents Etats émetteurs vis-à-vis du Cameroun. Ces spreads sont bien plus élevés si on intègre les incitations (décotes) offertes aux investisseurs qui sont plus élevées dans les 5 autres Etats disposant d’une base d’investisseurs moins dense. Selon MEZUI, si les données de terrain ne permettent pas de rendre compte de l’ensemble des coûts des émissions de titres publics, il n'en reste pas moins qu'à la lecture des résultats des adjudications, il est possible de constater qu’il existe des incitations (décotes) pour les souscripteurs du marché primaire, notamment les spécialistes en valeurs du trésor (SVT) à la fois pour les BTA et les OTA.
 
Il relève que cette pratique commerciale qui s’accentue indique que les coûts réels des émissions dépasseraient les10% pour differentes maturités et pour la plupart des émetteurs. " En conséquence, les coûts d’emprunt sur le marché obligataire régional semblent être particulièrement élevés pour les Etats". Par ailleurs, l'analyste financier indique qu'avec la principale base d’investisseurs de la région, le Cameroun dispose d’un avantage considérable qui se traduit par des coûts d’emprunt nettement inférieurs aux autres Etats.
 

LES SOLUTIONS POSSIBLES 

Pour Cédric MBENG, en vue de solutionner le problème de la cherté de l'emprunt obligataire, il faut à court-terme que la Banque Centrale (BEAC) se montre plus ferme.  Cela doit s'observer relativement aux contraintes des banques (surtout) et des SVT en général pour absorber davantage les émissions des Etats tout en respectant les ratios prudentiels exigés par le superviseur (COBAC). La BEAC doit ainsi accroître son programme de rachat des titres détenus par les banques et autres investisseurs sur le marché secondaire jusqu’à environ 30% du volume global, soit plus de 1500 milliards de FCFA ou encore encadrer les politiques d’incitations commerciales (décotes) offertes aux souscripteurs, notamment en les supprimant sur les BTA ainsi que les OTA de maturités inférieures à 5 ans afin d’éviter des arbitrages sur les ressources pouvant affectées le ratio de transformation.

LIRE AUSSI : EMPRUNT OBLIGATAIRE (2022-2029) | CAMEROUN : Mécanisme de protection des obligataires, rôle des arrangeurs, des placeurs et du conseil juridique

Pour ce qui est des SVT/banques. l'expert recommande une stratégie proactive pour animer le marché secondaire et libérer les capacités des banques pour le marché primaire, et il ajoute que ces intermédiaires devraient être notés sur ce critère. De plus, il faudrait selon lui une diversification des sources de capitaux avec les investisseurs locaux, notamment institutionnels, ainsi que les investisseurs étrangers.

Pour ce qui est des Etats émetteurs, ils doivent être autres, améliorer la performance dans l’exécution des budgets annuels afin de rassurer les investisseurs. Dans un autre sens, et sur un terme plus long, en concertation avec les Etats, la BDEAC et les institutions financières publiques nationales, ainsi que la BEAC, devraient soutenir l’essor de nouvelles classes d’actifs de référence dans la sous-région telles que les obligations de projet d’infrastructure ( PROJECT BONDS ) ; 2. Les obligations vertes et bleues ( ESG BONDS) ou  encore les émissions obligataires de longue maturité comme prêteur en dernier ressort et/ou comme souscripteur.