BENIN : Une stratégie nationale pour l'intelligence Articifielle (IA) et le Big Data jusqu'en 2027


Par Dr ZOGO


Depuis le 18 Janvier 2023, le Conseil des Ministres  a approuvé la Stratégie nationale d’intelligence Artificielle et des mégadonnées (SNIAM) 2023-2027. Qu'est-ce que le pays veut faire en embrassant ainsi ces innovations dans tous les domaines incluant la finance et la justice ? Comprendre !

C'est au Ministère du Numérique et de la Digitalisation qu'il a été donné de conduire le processus d’élaboration de la stratégie nationale d’intelligence artificielle et des mégadonnées (SNIAM) du Bénin.  Rapporté dans un document de plus d'une cinquantaine de pages et traduit en anglais, cette stratégie se pose selon ses auteurs dans "une démarche qui intègre les parties prenantes, suivant une approche holistique axée autour des solutions technologiques adaptées aux besoins de notre pays, notamment dans les domaines de l’éducation, de la santé, de l’agriculture, du cadre de vie, du tourisme, et sur la compréhension des cas d’utilisation applicables au contexte béninois".

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Le Bénin se voit avec cette planification, à l’horizon 2027, comme un pays qui rayonnera également par la valorisation de ses données massives par le biais des systèmes et technologies de l’intelligence artificielle et du développement des compétences y relatives. Celle-ci est composée de quatre programmes déclinables en trois phases pendant cinq années, avec un portefeuille contenant cent vingt-trois (123) actions impactant les secteurs public  et privé. 

Pour les Béninois, " son adoption positionne le Bénin comme un pays apte à saisir les opportunités actuelles et futures afférentes à l’intelligence artificielle et au traitement des données massives, ce qui le rend encore plus attractif pour tous types d’investissements provenant notamment du secteur privé et des partenaires au développement".

LES AXES STRATEGIQUES

La mise en œuvre des cas d’usage et les initiatives à fort impact : Le Bénin s'engage ainsi à mettre en place dans le data center, des composantes de type Data Lake As A service, ML As A Service, … mais aussi à mettre en œuvre (Qualification et planification, élaboration des cahiers des charges, sélection des prestataires, réalisation, conduite de changement et déploiement) des solutions d’IA. L’effet attendu de cet objectif stratégique est de résorber les problématiques identifiées, à travers la mise en place de solutions d’IA

Le renforcement des capacités humaines sur l’IA et la gestion des méga données : Le pays veut s'attacher à former dans le domaine de l’IA et Data science, à renforcer les capacités humaines sur l’IA ainsi que sur la gestion des méga données. Les effets attendus ici consistent à aboutir à des formations de base, spécifiques en programmation et à des formations continues sont dispensées dans des établissements. De plus, le dessein est que les acteurs (publics et privés) ainsi que les usagers soient sensibilisés et formés à l’IA et à la gestion des méga données. 

La recherche d'un meilleur soutien à la recherche, à l’innovation, au secteur privé et à la coopération dans le domaine de l’IA :  Il est question dans ce sillage que, vu que l’état des lieux a montré l’absence de contrôle pour les solutions d’IA, il faut s'impliquer quant à la nécessité de la prise en compte des questions d’éthique et de responsabilité liées à l’IA. Il en est de même pour la nécessité d’une gestion des méga données, la matière première pour les solutions d’IA. Les effets attendus de cet objectif stratégique visent à soutenir la formation et la recherche ; à développer des mécanismes de financement durable pour la recherche et l’innovation ; à renforcer les coopérations sous régionales et internationales. Le pays veut adopter un texte encadrant les questions d’éthiques et de responsabilité ; à mettre en place un dispositif de gestion des méga données : Par ailleurs, il est question que les centres de recherche soient productifs et attractifs dans la sous-région et à l’international ; que le transfert des résultats de recherche soit assuré entre les laboratoires de recherche et le secteur privé ; que la productivité et la qualité des produits (ou nouveaux produits) dans les secteurs stratégiques à forte potentialité sorte améliorée et que le Bénin soit un acteur reconnu dans le domaine de l’IA et son leadership sous régional affirmé.

 

L'IA ET LE BIG DATA EN FINANCE ET JUSTICE 

Le Bénin veut capitaliser l'IA et le BIG DATA dans tous les domaines socio-économiques. Ainsi, au plan des finances, l'Etat vise instaurer des contrôles fiscaux intelligents, en priorisant les services basés sur le parcours usager et les avantages, l'IA doit permettre un traitement différent des dossiers d'appel d'offres, une rationalisation des dépenses publiques et une identification de sources potentielles de recettes fiscales par l'analyse des entrées et 
sorties du port. Il est ajouté à cela l'exploitation forestière ou la circulation des camions sur les routes nationales et la gestion des brevets d'innovation. 

Dans le secteur de la justice, le pays veut lancer une extraction automatique de données, une prédiction de mesures de protection civile ou encore une application d’assistanat juridique. 

En rappel, le Bénin veut aussi automatiser la gestion de son cadastre par l'IA et mettre en place une plateforme qui permet de détecter les actes de naissance frauduleux. "En effet certaines personnes falsifient leurs actes de naissance pour changer leurs âges et postuler à des concours auxquels ils n'ont pas droit. Ce système pourrait s'appliquer à tout autre document pouvant être frauduleux (diplômes, carte d'identité, permis de conduire, 
etc.)" explique le document de stratégie béninois. 

Vu que le développement de l’IA nécessite une importante mobilisation de ressources humaines et financières importante pour préparer l’infrastructure technologique nécessaire, renforcer les capacités des acteurs et dynamiser l’écosystème. que cette stratégie devra être financée par un appel au financement national aussi bien de l’État que du secteur privé ; à l’aide extérieure bilatérale et multilatérale ; aux capitaux privés étrangers dans le cadre d’un Partenariat Public-Privé (PPP) et à la mobilisation de l’épargne nationale.