BENIN - INTERVIEW | "L’Apéro du Droit du Numérique est une nécessité pour la transformation numérique" Merry TOI MILONON


Propos recueillis par JESPO |


Le 1er mai 2024, sera organisé au Benin Royale Hôtel, l’édition inaugurale du concept "L’Apéro du Droit Numérique" entre 9h et 12h. Un moment de communication, de réseautage et de divertissement autour du thème : les opportunités du numérique pour les juristes : nouveaux métiers, Legaltech et digitalisation des processus juridiques. M. TOÏ MILONON Merry, Juriste Legal Tech, Promoteur du concept "L’Apéro du Droit du Numérique" explique sa démarche dans les colonnes de Droit-Médias-Finance Magazine.

Un ''Apéro'' consacré au Droit numérique, était-ce opportun ?

L'organisation de l'Apéro du Droit du Numérique répond à une nécessité impérieuse dans le contexte actuel. La transformation numérique influence de manière significative le paysage juridique, créant de nouvelles dynamiques, opportunités et défis. L'Apéro se veut un espace unique où les acteurs du droit, les professionnels, les étudiants et les passionnés peuvent se réunir pour explorer ces évolutions ensemble.

Dans un monde où le numérique redéfinit constamment les contours des professions juridiques, il devient impératif de créer un lieu dédié à la convergence entre le droit et la technologie. L'Apéro du Droit du Numérique offre cet espace dynamique, favorisant la découverte des nouvelles tendances, des métiers émergents et des avancées de la Legaltech.

L'opportunité réside dans la possibilité de catalyser l'innovation, de susciter des discussions pertinentes et de favoriser des collaborations fructueuses. C'est un rendez-vous incontournable pour tous ceux qui aspirent à comprendre, à s'adapter et à exceller dans cette ère numérique passionnante du domaine juridique. L'Apéro du Droit du Numérique se présente ainsi comme une réponse proactive et engageante aux défis et opportunités du Droit à l'ère du numérique.

Certains professionnels traitent de peu attractives, les start-ups juridiques africaines. Quel est selon vous l'état des lieux de la Legaltech dans le cyberespace OHADA ?

L'écosystème de la Legaltech dans l'espace africain, et plus spécifiquement dans la région OHADA, est en pleine effervescence. Des start-ups juridiques africaines redéfinissent le paysage juridique en introduisant des solutions innovantes et adaptées aux besoins spécifiques de la région. Un exemple concret est Legafrik, la première plateforme numérique de simplification des démarches juridiques, administratives, fiscales et comptables pour les pays de l’espace OHADA. Elle offre un processus dématérialisé, permettant aux entrepreneurs et aux TPE/PME un gain de temps et financier. Legafrik a également développé TooSign, sa propre solution de signature avec la blockchain, simplifiant et authentifiant les signatures de documents.

Une autre illustration est Teranga LeX, une startup spécialisée dans la Legaltech au Sénégal. Avec une approche axée sur l'hospitalité, l'entraide, l'ouverture et l'accessibilité, Teranga LeX propose une offre de services juridiques de qualité, couvrant divers domaines tels que le droit des sociétés, le droit commercial, le droit fiscal, et bien d'autres. Ces exemples tangibles démontrent que la Legaltech africaine, loin d'être peu attractive, évolue de manière dynamique et pertinente, répondant aux besoins spécifiques du contexte OHADA.

L'Apéro du Droit Numérique se propose de mettre en lumière ces avancées remarquables, contribuant ainsi à changer la perception de la Legaltech en Afrique et à célébrer les réussites significatives de la région OHADA dans ce domaine.

La révolution numérique s’accompagne inéluctablement des nouveaux métiers du droit et donc de nouvelles unités d’enseignement. Avez-vous pensé à la révision des curricula dans les institutions universitaires de l’espace OHADA et de ses implications ?

La révolution numérique induit effectivement l'émergence de nouveaux métiers du droit, nécessitant une adaptation des curricula dans les institutions universitaires de l'espace OHADA. Conscients de ces changements, plusieurs initiatives au Bénin ont déjà intégré des formations spécialisées dans le domaine du droit numérique.

Par exemple, le cabinet 360 Conseils, dirigé par M. ALAO ADJASSA en collaboration avec l’université IRGIB AFRICA, a introduit un Master en Droit du Numérique. Cette formation vise à doter les étudiants des compétences nécessaires pour naviguer dans le monde juridique numérique en constante évolution. De même, le cabinet Legal Aid Office, dirigé par M. PAUL WOROU MAMA, propose des formations en Legaltech, permettant aux étudiants d'acquérir des compétences pratiques dans l'utilisation des technologies pour améliorer la prestation des services juridiques.

Par ailleurs, des universités privées, comme l'Université Catholique de l'Afrique de l'Ouest, ont introduit des unités d'enseignement spécifiques en droit du numérique. Ces initiatives témoignent de la prise de conscience des acteurs du secteur éducatif quant à la nécessité d'adapter les programmes académiques aux réalités du monde juridique numérique.

L'Apéro du Droit Numérique ambitionne de mettre en lumière ces avancées dans l'éducation juridique, offrant une plateforme propice à la réflexion sur les implications et les évolutions nécessaires des curricula pour préparer les futurs professionnels du droit aux défis du numérique.

Le Droit Numérique s'accommode-t-il réellement de l’environnement africain où l’accès à l’énergie électrique demeure un luxe pour les populations ?

L'implémentation du Droit du numérique en Afrique est étroitement liée au développement du secteur numérique, lequel dépend significativement de l'accès à une énergie fiable et abordable. Les progrès dans le domaine des solutions énergétiques en Afrique, visant à rendre le continent plus autonome énergétiquement, peuvent jouer un rôle déterminant dans la promotion du numérique.

Le développement des infrastructures numériques en Afrique requiert une alimentation énergétique stable pour garantir la disponibilité continue des services numériques. Les initiatives visant à accroître l'accès à l'électricité, que ce soit par le biais de réseaux traditionnels ou de solutions énergétiques innovantes, contribuent à créer un environnement propice au déploiement du numérique et de son droit .

En conclusion, le développement du droit du numérique en Afrique est intimement lié aux progrès dans le secteur énergétique. Les initiatives visant à rendre l'Afrique plus autonome énergétiquement peuvent catalyser la croissance du numérique, facilitant ainsi l'adoption et l'implémentation réussie du Droit numérique dans la région. 

Quelles peuvent être les conséquences de la disruption du paysage juridique africain qui s'annonce avec l'excroissance du numérique dans le champ du Droit ?

La disruption du paysage juridique africain, résultant de l'avancée du numérique dans le domaine du Droit, engendre des conséquences significatives. Tout d'abord, l'émergence de la Legaltech redéfinit la prestation des services juridiques, introduisant des solutions novatrices et adaptées aux besoins spécifiques de la région Africaine .  Cette transformation influence également la manière dont les professionnels du droit interagissent avec leurs clients et gèrent les processus juridiques.

Les conséquences s'étendent aux nouveaux métiers du droit, créés par la convergence du numérique et du domaine juridique. Ces professions émergentes exigent des compétences spécifiques, stimulant ainsi la nécessité de réviser les curricula universitaires pour préparer les étudiants aux réalités de ce siècle.

Par ailleurs, la disruption numérique soulève des questions éthiques liées à l'utilisation de la technologie dans le domaine juridique, nécessitant une réflexion approfondie sur la protection des données et des informations confidentielles. Les avantages de la digitalisation des processus juridiques, tels que l'efficacité accrue et l'amélioration de la qualité des services, coexistent avec des défis, notamment la sécurité et la confidentialité.

En somme, la disruption numérique dans le paysage juridique africain  présente de nombreux défis, mais aussi des opportunités pour améliorer l'accès à la justice, stimuler l'innovation et renforcer la gouvernance. Il est crucial que les pays africains s'adaptent à cette nouvelle réalité en adoptant des lois et des politiques appropriées, en investissant dans les infrastructures numériques et en renforçant les capacités des acteurs juridiques.